Les écosystèmes lacustres présentent un fort intérêt pour l’Homme, à la fois pour les ressources en eau qu’ils représentent, mais également pour leur importante biodiversité terrestre et aquatique. La dépendance des activités humaines envers ces milieux a ainsi conduit à l’artificialisation de nombreux lacs naturels et à la création d’une multitude de retenues artificielles (79% des plans d’eau de plus de 50 ha sont artificiels en France). Les habitats de ces zones font donc particulièrement l’objet de destruction et ce type d’altération est connu pour être la première cause d’érosion de la biodiversité en milieu aquatique. Le marnage imposé aux milieux pour la gestion hydroélectrique ou agricole en est un des premiers facteurs.
Le projet UROS a été initié avec l’Agence Française pour la Biodiversité afin de trouver des solutions pour compenser les effets délétères du marnage sur les écosystèmes rivulaires. La zone d’étude est la retenue de Serre-Ponçon dans les Hautes-Alpes, qui présente un marnage annuel de l’ordre de 30 mètres. L’intérêt de ce projet consiste à compenser le manque d’habitat rivulaire de la retenue par le biais de 3 structures flottantes artificielles et végétalisées. Ces structures, d’une superficie d’environ 75m² chacune, présentent une zone rivulaire et des habitats subaquatiques adaptées au marnage. Plus qu’un simple radeau végétalisé, il s’agit donc ici d’une véritable zone littorale flottant sur le lac. L’objectif est d’offrir des habitats pour la faune locale et recréer (naturellement et artificiellement) des fonctions écologiques notamment de nurseries et de frayères pour les poissons.
Les suivis scientifiques sur le projet ont plusieurs objets : (i) suivre la colonisation des îles UROS par la macrofaune aquatique (poissons et macro-invertébrés), mais également par la végétation et les oiseaux, (ii) évaluer l’intérêt de telles structures pour soutenir la biodiversité du lac, (iii) proposer des améliorations techniques pour favoriser une fonctionnalité maximale des différents habitats artificiels et naturels créés. Enfin, proposer une architecture finale des îles UROS optimisant le rapport coût/efficacité écologique, et analyser la possibilité de généraliser ce type de solution aux autres écosystèmes marnants français et européens.